SI J’ETAIS UNE VACHE…

Si j’étais une vache, je serais probablement en train de vivre dans un ghetto pour vache, ou j’aurais peut être la chance de pouvoir gambader librement et de pouvoir brouter paisiblement. Quoi qu’il en soit, je serais destiné à finir dans votre assiette.

Mais être une vache en territoire indien, ça devient plus sympa. Les hommes me vénèrent, car apparemment, l’un de mes ancêtres aurait porté Shiva, un dieu des hommes… Je suis aussi synonyme de fertilité et de nourriture. Pourtant, mon cousin le buffle n’échappe pas aux labeurs des champs ou de tirer une charrette.

J’ai un maître, mais je suis libre d’aller où bon me semble, seul, ou accompagné de quelques potes. Moi, j’aime la ville, c’est très divertissant. J’adore marcher lentement a contre sens de la circulation. Je suis sacré, donc au pire, on me fait comprendre que je gêne, mais jamais méchamment. J’arrive même a faire total abstraction des klaxons des poids lourds.

Ah, j’adore aussi planer sur des routes avec un peu moins de trafic. Je reste stoïque, sans bouger, le regard dans le vide, et j’attends de voir si quelqu’un finira par me déloger ; mais les voitures préfèrent juste m’éviter.

Ce qu’il y a de sympa en ville, c’est la bouffe. C’est vrai, y’en a marre du pâturage, toujours le même goût. Je m’autorise alors à fouiner dans de petits monticules de déchets. Même si c’est en train de brûler, ça ne me fait plus peur. Mon péché mignon reste le carton.

Parfois, je tente une entrée dans un restaurant. Si les gars sont sympa, j’ai droit a un naan ou un dosa.

J’ai déjà aussi été à la plage sur la cote ouest, c’est très joli et ça change. Je n’ai malheureusement parfois pas grand-chose à manger. Alors je me balade au milieu des touristes, je marche sur les serviettes et je me fais plaisir : puisqu’il n’y a pas de carton, je teste les livres des lecteurs, de la page 45 a 79, en un seul coup. Pas mal hein ? Et j’adore lécher les personnes qui s’enduisent d’huile, surtout le monoï, mmmmmmm, un délice.

Parfois les touristes tentent de m’arrêter, ce que je leur fais croire, mais en réalité, j’en profite pour faire mes besoins sous leur nez. Hé hé !

On me photographie comme une vraie star, et certains me caressent comme si j’étais un chien.

Cependant, je n’ose passer au milieu d’une partie de foot (ballon) ou de freezbee. Ces petits objets mouvants ne m’inspirent pas confiance.